Le sol tanzanien regorge de trésors. Loin d’être une bénédiction, ces ressources amènent corruption, insécurité et inégalité dans le pays. La société civile, le gouvernement, des organisations de surveillance internationales et des ONGs locales travaillent à une amélioration du secteur afin que le bénéfice économique tiré de ces richesses profite à toute la population. Particulièrement dans le viseur: les mines artisanales, largement supérieures en nombre que les grandes mines industrielles, et bien plus difficiles à légaliser.
En bref
But
Le projet vise à améliorer le niveau de transparence et de responsabilité dans le secteur extractif tanzanien au niveau local et national. Il a également pour but d’améliorer les normes minières et commerciales dans le sous-secteur des mines à petites échelles qui emploient environ 1.5 million de personnes en Tanzanie.
Ce projet est cofinancé par les contributions programmes de la DDC.
Ce projet est terminé. Lisez ses succès ici ou découvrez le nouveau projet.
Depuis quelques années, le secteur extractif de Tanzanie est en pleine expansion. Dans les régions aurifères de Mwanza et Arusha, au nord du pays, les mines artisanales à petite et moyenne échelle foisonnent. Près d’un million et demi de personnes dépendent de ce sous-secteur. Le gouvernement peine à réguler ce domaine souvent géré informellement par des familles ou des responsables non formés. Résultats: des infrastructures vétustes, de grandes inégalités et des conditions de travail difficiles et dangereuses, un manque d’équipement de protection et une marginalisation des femmes nuisent aux travailleurs et aux populations environnantes.
Les mineurs travaillent sans protection, baignant mains et pieds dans des grandes cuves de mercure. Sans casques, sans structures solides, sans moyen de communication, les mineurs ne sont protégés de rien et les accidents sont fréquents.
La misère des temps modernes
Les premières victimes de ce manque de régulation sont les mineurs, les femmes et les enfants. Céline Krebs, membre de SWISSAID Genève, a visité 4 mines et a été frappée par ce qu’elle décrit comme «l’incarnation de l’esclavage des temps modernes. Des hommes étaient couchés à même le sol, exténués de fatigue après avoir passé des heures dans un conduit étroit et peu ventilé, à creuser la roche pour remonter quelques grammes d’or.»
Un peu plus loin, aux abords des mines, des jeunes femmes rachètent aux mineurs des résidus de minerais qu’elles plongent ensuite à mains nues dans d’immenses fosses remplies de mercure. Une pratique nocive pour la santé et l’environnement.
«Il était choquant d’observer des mineurs couchés à même le sol, exténués de fatigue après avoir passé des heures dans un conduit étroit et peu ventilé, avec un faible éclairage et sans moyen de communication, à creuser la roche pour remonter quelques grammes d’or», rapporte Céline Krebs, membre de SWISSAID Genève, en visite dans les mines.
La mise sur pied de mines responsables
Malgré le manque de ressources, les mauvaises conditions dans le secteur minier ne sont pas une fatalité. La mine de Nsangano est une des premières mines en Tanzanie à appliquer les normes du commerce équitable. Ici, les travailleurs portent des uniformes, des gants et des masques de protection, les infrastructures sont solides, le travail infantile est banni et le salaire est meilleur. SWISSAID vise à soutenir le développement de mines responsables à l’instar de Nsangano, et ainsi améliorer les conditions de vie des personnes impliquées dans l’exploitation minière.
Ceci s’inscrit dans un nouveau projet initié par SWISSAID visant une exploitation extractive plus responsable en Tanzanie. Deux conférences préliminaires ont réuni en 2017 des activistes, des experts, des parlementaires, des membres du gouvernement et de la société civile et des représentants des grandes entreprises minières. Les participants se sont accordés sur diverses réformes essentielles. Un groupe de travail comprenant des représentants des principales institutions gouvernementales et civiles portant sur l’exploitation minière a donc été constitué pour élaborer lesdites réformes, les porter auprès du gouvernement et les faire appliquer.
L’avenir des mines passera par des mines Fairtraid, avec des conditions de travail plus sécurisées, un impact moindre sur l’environnement et une meilleure rémunération des employés.
La société aussi a son rôle à jouer
Afin d’atteindre une exploitation plus responsable bénéfique à tous, SWISSAID et ses partenaires locaux Hakirasilimali – la branche tanzanienne de Publish What You Pay – et l’International Institute Environment and Development ont organisé deux conférences réunissant des activistes, des parlementaires, des membres de la société civile et des représentants des grandes entreprises minières. Ensemble, ils ont établi les besoins principaux qui doivent être adressés pour améliorer le secteur. Les participants se sont accordés sur un «plan d’action national», afin de réformer le secteur des mines artisanales et d’y instaurer des normes durables et éthiques. Un groupe de travail est chargé de mettre ce plan d’action en oeuvre.
«Le développement ne devrait pas être uniquement amené par le gouvernement. Les citoyens doivent s’organiser à partir de la base, des villages et des communes», martèle Jenerali Ulimwengu, journaliste présent aux conférences. S’il est clair que le gouvernement a un grand rôle à jouer dans la régulation du secteur, la société civile doit, elle aussi, être impliquée.
Votre don compte
Solidarité Genève-Tanzanie
Mise en place de mines modèles responsables, salaires des travailleurs, influence de nos achats d’or en Suisse, la chaîne genevoise Léman Bleu s’est intéressée au projet SWISSAID dans le cadre de son émission «Esprit solidaire».
Denis Ruysschaert, vice-président de SWISSAID Genève, qui suit également le projet de près, répond aux questions de la journaliste à la suite de l’émission. Pour que consommateurs et producteurs tende toujours plus vers une exploitation minière responsable.
En pleine crise du coronavirus, le prix de l'or chute
«Le prix de l’or a chuté de manière drastique. Actuellement, la personne qui possède de l’or n’a pas de contrôle sur les prix. La personne qui a de l’argent vous offrira le prix le plus bas. Avant, nous vendions notre or à 80’000 shillings le gramme et parfois même plus. Notre petite production est maintenant acquise pour 30’000 à 40’000 shillings le gramme», déclare Mme Rose Mashimba, propriétaire des mines John Masasi à Ibondo, Geita Rural.
Evans Rubara, de la Fondation pour le développement des ASM (FADev), s’est rendu dans les communautés aux abords des mines, dans la région des Grands Lacs, pour rapporter l’impact de la crise sur le quotidien des habitants. Au delà d’augmenter le prix de l’eau potable, devenu un bien rare dans des zones asséchées et recouvertes de poussière, la crise a aussi fait chuté le prix de l’or.
Les mines ASM emploient principalement des personnes en situation précaire. Le prix dérisoire de l’or les obligent d’autant plus à continuer à travailler, même en période de crise. «Aller travailler est quelque chose que nous devons faire. Il n’est pas question d’arrêter quand nous avons des familles à nourrir», rapporte Mme Mashimba.
Des partenaires qui gagnent en influence
La Fondation pour le développement de l’ASM (FADEV), partenaire de SWISSAID sur le terrain et actif dans le secteur des mines à petite et moyenne échelle (ASM), gagne du terrain! Elle a organisé cette semaine un atelier à Mwanza / Geita sur les questions relatives aux ASM, en particulier sur les dangers du mercure. De nombreux acteurs clés du domaine provenant d’associations minières, du gouvernement et des journalistes étaient présents. Dans le cadre de cet atelier, une visite de la mine Mtalingi à Geita, l’une des mines modèles du projet, a été organisée. L’atelier a suscité une grande couverture médiatique en Tanzanie. L’écho s’est fait entendre en Suisse, à la RTS.
Le projet est terminé!
Ce dernier a permis d’améliorer la transparence et la responsabilité dans le secteur extractif ainsi que les normes commerciales et minières. Le projet étant parti de zéro, les changements prennent du temps. Ainsi, une deuxième phase de projet est en court afin de continuer les succès rencontrés.
En détail, ce projet a réalisé de nombreuses activités sur deux niveaux:
Niveau national
– Organisé des événements avec des acteurs d’horizons différents sur la transparence et la conférence annuelle sur les industries extractives en Tanzanie. 1311 personnes dont des parlementaires et membres du gouvernement ont pris part aux événements.
– Publié des rapports scientifiques, publications analytiques et articles de presse portant sur différentes thématiques liées aux industries extractives (rôle des femmes, système fiscal et son impact,…).
– Entretenu des contacts réguliers avec des membres du gouvernement et des parlementaires. 6 propositions de changement de lois ont été discutées avec les décideurs politiques.
Niveau local
– Sensibilisé les mineurs concernant les conditions de travail et la protection de l’environnement via des radios et TV locales et des groupes WhatsApp.
– Amélioré la vie de 400 mineurs (dont 240 femmes) en fournissant du matériel de protection et de l’équipement pour améliorer le travail. De plus, 3 mines modèles ont été sélectionnées et disposent désormais de plans de protection de l’environnement, d’une meilleure gestion administrative, et ont amélioré leur pratique dans 8 domaines sur 13.