Dans les régions rurales de Guinée-Bissau, le meilleur moyen pour une aide durable et efficace est de travailler directement avec les paysannes et paysans, regroupés en association. Mais fédérer ces populations n’est qu’une première étape; il faut ensuite former, structurer, renforcer afin d’en faire de vrais partenaires pour le futur.
En bref
But
Ce projet a pour but de renforcer les capacités organisationnelles et techniques des OCBs partenaires dans les régions de Cachéu et de Bissau. Grâce au renforcement de leurs capacités et à la génération de fonds propres, les OCBs répondent mieux aux besoins de leurs membres et deviennent plus autonomes. Aussi, les OCBs cibles sont reconnues et consultées comme représentantes de la communauté et défendent leurs intérêts face à d’autres acteurs.
Ce projet est cofinancé par les contributions programmes de la DDC.
Ce projet s’est terminé en 2023. Découvrez les résultats ici.
Cacheu, au nord-ouest de la Guinée-Bissau, et la périphérie de la capitale, Bissau, font partie des régions les plus pauvres du pays. Les femmes vivent dans des conditions particulièrement précaires et sont désavantagées dans pratiquement tous les domaines de la vie.
L’accès à l’éducation et au système de santé leur est largement limité. Les soins médicaux manquent, ainsi que les connaissances de base sur l’hygiène, le planning familial et l’accouchement.
Les trois quarts des femmes ne savent ni lire, ni écrire, ni calculer. Sans cette connaissance, impossible de sortir de la pauvreté. L’analphabétisme rend plus difficile l’accès à l’information, aux institutions et au crédit.
Les femmes sont également discriminées en matière de droits fonciers. La tradition veut que seuls les hommes possèdent les terres; les femmes cultivent ainsi des sols qui ne leur appartiendront jamais et qui peuvent leur être retiré du jour au lendemain.
Capital humain peu investi
Les femmes jouent un rôle particulièrement important au sein de la société et de la famille. C’est à elles qu’incombe la responsabilité des soins, de l’alimentation et de la production agricole. Acquérir un accès aux informations et aux soins médicaux ainsi qu’une autonomie économique constituent la pierre angulaire d’une amélioration des conditions de vie de toute la société.
C’est aussi là que réside la clé d’une aide au développement durable: donner aux personnes les moyens d’améliorer par elles-mêmes leurs conditions de vie. Apporter cette aide durable est au cœur de la stratégie de SWISSAID. «Cela ne sert à rien de dire aux personnes ce qu’ils doivent faire et comment. Il faut que les concernés soient acteurs de leur propre changement, sinon les combats ne pourront se poursuivre», explique Aissé Barry, responsable genre chez SWISSAID Guinée-Bissau.
Se fédérer pour mieux régner
SWISSAID est bien déterminée à remporter ces combats pour aider les paysannes et paysans. Tchur Brick, Bachil, Granja Pessube, Ponta Rocha, Tchada, Manel Iagu sont autant d’associations que la Fondation a réussi à fédérer depuis ses débuts dans le pays, il y a 40 ans. Aussi appelées organisations communautaires de base (OCB), ces dernières offrent de nombreux avantages aux populations rurales: elles permettent de mettre en commun des biens, des outils et des terres, d’échanger des conseils, de mener des batailles juridiques pour l’obtention de terres ou encore de revendiquer les besoins des communautés rurales.
Les femmes, fer de lance du changement
La majorité des membres des OCBs sont des femmes. Or, dans ce pays côtier d’Afrique de l’Ouest, 73,5% des femmes de plus de 15 ans sont analphabètes. «Seuls les hommes sont scolarisés dans les milieux ruraux. Les femmes sont très vite retirées de l’école pour aider leur mère aux tâches familiales ou pour être mariée», précise Aissé Barry. Les cours d’alphabétisation sont donc le premier pas vers l’autonomie. Ils sont aussi un moyen pour les femmes de prendre confiance en elles, d’échanger leurs connaissances et de faire valoir leurs droits. «Les femmes qui ont suivi les cours d’alphabétisation votent désormais, ce qu’elles ne pouvaient faire sans leur mari auparavant. Elles sont fières d’être indépendantes», rapporte Felizberto Semedo, chargé du projet.
«Les femmes qui ont suivi les cours d’alphabétisation votent désormais, ce qu’elles ne pouvaient faire sans leur mari auparavant. Elles sont fières d’être indépendantes», rapporte Felizberto Semedo, chargé du projet.
Depuis 2019, le renforcement va plus loin, avec des ateliers de sensibilisation au genre et des formations en plaidoyer, en gestion administrative et financière ainsi qu’en communication. Les OCBs sont dotées de stratégie et de vision sur le long terme, de budget, et deviennent des partenaires essentiels aux projets SWISSAID en agroécologie et développement de filières commerciales. C’est aussi cela, l’aide durable: gagner suffisamment de poids pour passer du statut de bénéficiaire à partenaire.
Le projet est terminé!
Ce dernier a permis à 6495 femmes membres d’associations féminines d’acquérir plus de confiance et d’autonomie. En détail:
Formation
– 245 femmes ont participé à des cours d’alphabétisation et ont appris à lire, écrire et calculer. Le ministère de l’Éducation a assuré la qualité et la supervision, et 184 femmes ont réussi l’examen de niveau 2 avec un certificat.
– 40 femmes ont été formées à la gestion organisationnelle et à la comptabilité afin de diriger les OCBs de manière professionnelle.
Sensibilisation
– Grâce aux vastes actions de sensibilisation aux questions d’égalité des sexes, les femmes sont de plus en plus impliquées dans les décisions municipales, telles que la gestion des puits, l’utilisation de la machine d’extraction de l’huile et de la machine à éplucher le riz.
– De plus en plus de femmes plantent leurs propres vergers – jusqu’à présent, la propriété était réservée aux hommes.
– 209 personnes, femmes et hommes, ont participé à des ateliers sur la planification familiale et la protection contre les maladies sexuellement transmissibles.
Témoignage
Augusta Dacosata: «Enfant, je n’ai jamais eu la chance d’aller à l’école. Je ne savais même pas écrire mon nom. Grâce au projet, j’ai appris à lire, écrire et calculer. Désormais, quand je vends des noix de cajou, personne ne peut plus m’arnaquer. Alors que par le passé, incapable de compter la monnaie, je me faisais souvent arnaquer. J’ai pris confiance en moi. De plus, le projet a soudé les femmes du village. Nous échangeons des idées, travaillons ensemble et planifions des améliorations. Nous disposions désormais d’un éclairage solaire et nous pouvons étudier le soir. Ma vie est devenue bien meilleure. J’en suis très heureuse.»