Isolés du reste du monde, dépourvus de toute information; les habitants de la communauté indigène de Jubal, en Équateur, sont livrés à eux-mêmes depuis le début de la pandémie. Les chaînes d’approvisionnement se sont effondrées et les familles de petits paysans sont menacées par les difficultés financières et le manque de nourriture. Pourtant, l’agroécologie leur offre un salut.
En bref
But
L’interruption des chaînes d’approvisionnement et la menace sanitaire du coronavirus aggravent la situation déjà difficile de la population rurale. Le projet d’urgence vise à renforcer les familles de petits paysans. D’une part, la pandémie est combattue par des mesures de sensibilisation et d’hygiène. D’autre part, l’approvisionnement alimentaire des familles est assuré et l’agroécologie est encouragée.
Ce projet est cofinancé par les contributions programmes de la DDC.
Ce projet s’est terminé en 2021. Découvrez ses succès.
«De temps en temps, des nouvelles évoquant des hôpitaux surchargés dans les villes nous parviennent. A part ça, nous ne sommes au courant de rien. C’est effrayant», explique Flor Collaguazo. Cette femme de 24 ans est membre de la communauté indigène de Jubal, dans la province de Chimborazo, la région la plus pauvre de l’Équateur. Sur ces hauts plateaux andins, il n’y a peu d’aucune infrastructure sanitaire; la ville la plus proche est à trois heures de route.
Dans la lutte contre la pandémie, le gouvernement équatorien concentre ses efforts sur les zones urbaines. «Si le virus arrive jusqu’à nous, nous n’avons aucune chance», se désole Flor. C’est cette triste conclusion qui a mené la communauté à s’isoler entièrement au début de l’été. «Personne ne pouvait quitter la communauté sans permission.»
Isolement et manque de nourriture
L’isolement n’a pas été sans difficultés. Avant la crise, déjà, les familles indigènes vivaient à la limite du seuil de subsistance. Lors du confinement, l’interdiction de se rendre aux marchés pour écouler leurs vivres leur fait perdre une source essentielle de revenus. De plus, l’interruption de l’approvisionnement de semences et d’engrais chimiques rend la situation des familles qui ne s’autosuffisent pas encore plus précaire. Les économies s’amenuisent et les réserves de nourriture commencent à manquer.
L’approvisionnement en semences commerciales, qui représente 90% des semences en Équateur, a été suspendu en raison du Covid-19. Les chaînes d’approvisionnement se sont effondrées.
L'agroécologie comme solution
Face à cette situation qui semble sans issue, la culture agroécologique est une lumière au bout du tunnel. Depuis des années, SWISSAID encourage l’agroécologie et préserve la diversité des semences indigènes en Équateur. Aujourd’hui plus que jamais, les résultats portent leurs fruits.
Les familles que SWISSAID a accompagné dans leur conversion agroécologique sont aujourd’hui capables de produire des denrées alimentaires, malgré l’isolation extrême. Elles possèdent leurs propres semences et utilisent de l’engrais organique pour fertiliser les champs. Flor rayonne: «Nous pouvons nourrir notre famille, ainsi qu’une partie de la communauté avec des pommes de terre, des haricots et des tubercules.»
16'000 plants de légumes contre la faim
En s’appuyant sur des projets existants dans la région, SWISSAID lutte contre la menace de pénurie alimentaire dans des villages isolés comme Jubal. Les familles de petits paysans sont impliquées dans le développement et la distribution de plants issus de l’agriculture biologique. Des serres communautaires sont mises en place et des semences locales sont distribuées. Environ 16’000 plants de légumes ont été livrés rien qu’à Jubal. «Ces plantes nous aident à ne pas tomber dans la misère et à continuer à produire de la nourriture pour nos familles et toute la communauté», explique Flor, en nous remerciant.
Dans le cadre du projet d’aide d’urgence, des serres sont construites dans lesquelles les plants sont utilisés pour la culture en plein champ. Les plantes sont transmises aux petits paysans. Des semences locales sont également distribuées gratuitement aux familles afin d’encourager la diffusion de semences indigènes.
Quand la crise devient une chance
La crise met en évidence la dépendance néfaste des familles paysannes à l’égard de l’industrie agro-alimentaire. Elle révèle l’importance de maintenir un système alimentaire local, indépendant des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Depuis la pandémie, un changement de mentalité est perceptible dans la petite communauté. De plus en plus de familles cultivent leurs propres semences et se laissent convaincre par l’agroécologie. « Nous avons appris à valoriser davantage notre terre », explique la jeune femme. Avant d’ajouter: «Nos champs et nos connaissances en agroécologie nous ont sauvés.»
Le projet est terminé!
Ce dernier a permis:
Eau et assainissement
– 31 systèmes d’aqueduc ont obtenu du chlore pour la désinfection, fournissant ainsi une eau saine pour 18’300 hommes et femmes.
– Durant la pandémie de Covid-19, la consommation d’eau a augmenté à cause du retour des familles migrantes dans le lieu d’origine. Le projet a fourni 208 kilos d’hypochlorite de calcium à 28 systèmes d’eau pour garantir la désinfection de l’eau et ainsi protéger la santé des habitant-e-s durant 3 mois.
Sensibilisation et santé
– Au moins 969 femmes et 2517 hommes ont été sensibilisé-e-s aux gestes barrières contre le Covid-19. Des spots radio ont été diffusés avec une portée estimée à environ 936’500 personnes.
– 30 ateliers pratiques de fabrication de savon ont été réalisés auxquels 312 personnes ont participé.
Agroécologie et semences
– 3169 familles paysannes (2515 femmes et 654 hommes) ont maintenu leur production d’aliments agroécologiques. Elles ont pu commercialiser leurs produits lors des foires. Compte tenu des familles qui sont retournées dans leur région d’origine, le projet estime à 15’400 personnes bénéficiaires de l’aspect agroécologie.
– 11 variétés de semences libres commencent à être cultivées dans les communautés paysannes afin de ne pas dépendre des semences extérieures.