Atteindre l’égalité entre hommes et femmes dans les milieux ruraux, où 80% de la force agricole est féminine, est un des piliers du travail de SWISSAID depuis des décennies. Si le développement paraît parfois lent, les succès sont bel et bien là. A l’instar du Tchad, où l’accès à la terre, au bétail et à des formations d’agroécologie améliorent les conditions de vie des femmes, et avec elles, celles de toute leur famille.
En bref
But
La diversification des revenus des femmes et leur participation aux instances de prise de décision pour faire entendre leur voix. Pour cela, le projet soutient les femmes par une sensibilisation accrue auprès des autorités afin d’obtenir un accès aux ressources. Le système de tontine est notamment mis en place. Le leadership et la participation des femmes aux instances de prise de décision est notamment soutenu par des cours d’alphabétisation et des formations sur les droits et devoirs en tant que citoyennes et sur beaucoup d’autres thématiques pour les inciter à plus de participation aux débats publics (formation sur la participation citoyenne).
Le projet est financièrement soutenu par la DDC.
Renforcer l’autonomie des femmes, c’est renforcer la société. Et ainsi diminuer la faim et la pauvreté dans le monde. SWISSAID s’engage de longue date sur cette voie. Aujourd’hui, «l’émancipation de la femme et l’instauration de relations équilibrées entre les sexes est une priorité», explique Daniele Polini, responsable genre chez SWISSAID. Et cette priorité est transversale à tous les pays.
A Mongo, dans la province de Guéra au Tchad, Khadidja Kotto Bakoulou élève seule ses 5 enfants. Si aujourd’hui elle sourit devant la photographe, il y a quelques années encore, elle avait de la peine à joindre les deux bouts. «J’en étais réduite à labourer les champs de personnes plus riches pour obtenir de quoi nourrir mes enfants. J’aurais pu louer une terre mais elles sont très chères et très souvent de mauvaise qualité», explique la paysanne de 51 ans. La précarité coûte cher aux femmes et à toute la société. Selon l’ONU, si les femmes avaient les mêmes ressources et opportunités que les hommes, elles pourraient augmenter leur production agricole de 30%, permettant alors de réduire le nombre de personnes souffrant de la faim de plus de 150 millions.
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Renforcement des réseaux féminins
Il y a 18 ans, Khadidja Kotto Bakoulou et d’autres veuves également en difficulté se rassemblent et forment un groupement officiel. En sollicitant SWISSAID, elles reçoivent des formations en gestion organisationnelle, tenue de budget, alphabétisation et plaidoyer politique. Leur groupement prend forme et chaque membre est encouragée à prendre part aux instances de décision et faire entendre sa voix. Fait très rare au Tchad, après de longues négociations, le groupe obtient même 6 hectares de terre. «Les chefs traditionnels leur ont octroyé des terres pour qu’elles exercent leurs activités champêtres. Ceci a permis une nette amélioration des conditions de vie, non seulement de ces femmes mais de toute leur famille», rapporte Manserké Baba, animatrice à l’antenne du CELIAF (Cellule de liaison et d’information des Associations Féminines), le partenaire local du projet.
Selon l’ONU, si les femmes avaient les mêmes ressources et opportunités que les hommes, elles pourraient augmenter leur production agricole de 30%, permettant alors de réduire le nombre de personnes souffrant de la faim de plus de 150 millions. Elles sont un important levier trop peu soutenu dans les pays du Sud.
Plongée dans l’agroécologie
Outre les cultures de sésame, qu’elles transforment en farine pour la vendre sur le marché, le reste du terrain est dédié à la culture de différentes sortes de fruits et légumes pour leur propre consommation familiale. Pour un meilleur rendement, elles ont été initiées aux méthodes agroécologiques: création de compost, conservation de semences locales, mixité de cultures et accès à l’irrigation. Cette approche est un des principaux soutiens de SWISSAID aux femmes. «Nous ne dépendons plus d’autres appuis. Toutes les femmes veuves s’occupent de leurs enfants en les inscrivant à l’école et en prenant soin de leur santé. Toute la famille mange à sa faim le matin, midi et soir», confirme Khadidja.
Si besoin, ma maman vend ses chèvres et nous vient en aide mes petits frères et moi, explique Esther Salata, dont la mère, paysanne au Tchad, a reçu des chèvres pour commencer un élevage.
Bon pour l’estomac, bon pour la tête
Le revenu des mères bénéficie directement aux enfants. Il permet de remplir leur estomac mais aussi leur tête. Esther Salada a 22 ans. Sa mère, soutenue par le même projet d’autonomisation que Khadidja, a reçu des chèvres accompagnées de formations à l’élevage. «Par le passé, les femmes ne pouvaient pas être propriétaires de bétail. Si une famille avait des chèvres, elles appartenaient à l’homme. Les femmes dépendaient ainsi totalement des injonctions et décisions des hommes.» Mais à force de plaidoyer et de sensibilisation, les choses changent. Et le revenu récolté par sa mère grâce à son élevage a permis à Esther de continuer ses études en ville. «Si besoin, ma maman vend ses chèvres et nous vient en aide mes petits frères et moi.» Une aide bienvenue lorsqu’on sait que chaque année de scolarité supplémentaire augmente les revenus des femmes de 10 à 20%.
L’engagement de SWISSAID dans le renforcement de l’autonomie des femmes paysannes est couronné de succès. Au Tchad mais également dans tous ses autres pays. SWISSAID poursuit ses projets en ce sens avec le même souhait que Khadidja:
Que toutes les filles et les femmes soient écoutées et obtiennent les mêmes droits que les hommes. J’aimerais qu’elles ne souffrent pas comme nous avons souffert par le passé, sans considération aucune.
Avec des femmes comme Khadidja, Manserké et Esther, SWISSAID ne peut qu’avoir foi en cette vision de l’avenir.