Le programme CROPS4HD prend place dans 4 pays d’intervention de SWISSAID. Au Niger, il revalorise des cultures traditionnelles oubliées qui détiennent un grand potentiel nutritionnel pour les familles paysannes. Résistantes et adaptées au climat, elles sont une solution réelle aux problèmes auxquels font face les familles nigériennes.
En bref
But
Ce projet répond à l’appel à propositions lancé par le Programme Global Sécurité Alimentaire de la DDC et est préparée par le consortium constitué de SWISSAID, l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) et l’Alliance for Food Sovereignty in Africa (AFSA). Il vise les objectifs suivants:
- Rendre les cultures et les variétés traditionnelles plus attrayantes en démontrant leurs avantages nutritionnels
- Soutenir les familles paysannes à améliorer leurs techniques de culture
- Renforcer les systèmes de semences des paysan-ne-s et protéger leurs droits à diffuser, échanger et vendre eux-mêmes leurs semences
Voandzou, Fonio, Lablab, Niébé, Taro, Yams…si vous n’avez jamais entendu parler de ces espèces, ce n’est pas forcément parce que vous n’avez pas de jardin potager ou que vous n’êtes jamais allé en Afrique. La réponse serait plutôt à trouver du côté de notre méconnaissance de centaines de variétés anciennes de céréales, légumineuses, fruits et légumes. Pas étonnant puisque depuis quelques décennies, des cultures plus communes comme le maïs, le riz et le blé ont envahi les champs du monde entier et supplanté des cultures traditionnelles vieilles de milliers d’années.
Fausses promesses
Si ces nouvelles cultures promettaient de nourrir toute la population à moindre coût et avec des rendements inégalés, c’était sans tenir compte du changement climatique et d’une vision à long terme. Car avec le temps, ces monocultures appauvrissent les sols et se révèlent inadaptées face au climat changeant et capricieux. Avec pour résultat, au Niger par exemple, que 49% des enfants de moins de 5 ans souffre d’insécurité alimentaire, avec une tendance croissante depuis 2014 [1]. «Notre pays est régulièrement confronté à l’insécurité alimentaire et le taux de malnutrition est très élevé. Nous avons des aliments locaux à haute valeur nutritive et peu coûteux qui pourraient nous mettre à l’abri de la faim, mais ils ne sont pas suffisamment exploités, ni au niveau de la production ni de la consommation», explique Sahadatou Saley, coordinatrice de l’ONG Kundji Kondo.
Cette ONG travaille avec SWISSAID Niger sur le projet CROPS4HD (Consumption of Resilient Orphan Crops & Products for Healthier Diets). En collaboration avec le FIBL (Institut de recherche de l’agriculture biologique) et AFSA (Alliance for Food Sovereignty in Africa), et soutenu par la DDC (Direction du Développement et de la Coopération), le projet a pour but de revaloriser et favoriser la diffusion des semences oubliées ou sous-utilisées.
Le projet en vidéo
Le projet encourage la population à planter des semences à haut potentiel. Cela passe par la mise à disposition de ces semences et de petit matériel agricole, la formation en techniques agroécologiques, une mise en avant des propriétés de ces plantes via des fiches techniques, la mise en place de foires aux semences réunissant tous les acteurs de la chaine de production ou encore un plaidoyer pour le droit de produire ses propres semences. «Le but est de développer le marché autour de ces cultures négligées et de créer la synergie entre acteurs, consommateurs, commerçants, transporteurs et producteurs. C’est aussi un défi de revaloriser les cultures dites négligées mais produites dans des conditions saines et qui peuvent améliorer la sécurité alimentaire», explique Ibrahim Hamadou, collaborateur SWISSAID Niger et responsable du projet CROPS en Afrique.
Un paysan participant au projet explique qu’il cultive désormais du moringa et du millet. Il les plante durant la saison des pluies et peut ensuite les vendre au marché en saison sèche. «Les feuilles de moringa se vendent très facilement et à un bon prix sur le marché et le rendement est clairement supérieur aux monocultures.»
Le programme, qui est mené dans 4 pays, s’attire l’enthousiasme des locaux. Surtout chez les paysannes et paysans qui sont en première ligne des conséquences désastreuses du changement climatique.
Ces semences sont des vraies solutions, peu coûteuses et accessibles à toutes et tous. Et elles permettent de voir l’avenir avec espoir. «Il y a du potentiel au Niger, et c’est cela qu’il faut promouvoir, c’est cela notre identité, c’est cela notre culture en tant que Sahélien et c’est cela à l’avenir qu’il faut changer», clame Ibrahim Hamadou avec fierté. Et c’est justement ce que le projet CROPS entend amorcer.
Une expérience utile
SWISSAID a pu s’appuyer sur sa longue expérience dans l’agroécologie. En expérimentant et travaillant main dans la main avec les populations depuis des décennies, nous avons acquis une expérience qui profite à nos projets futurs et ambitieux. De plus, notre présence étant bien établie, nous profitons du réseau pour la mise en œuvre du projet et cela participe à sa bonne conduite.