Au Nicaragua, le changement climatique dicte la vie des paysans. Impuissants face aux sécheresses et aux crues, ceux-ci se bâtissent un avenir à l’aide de techniques de culture agroécologiques et veillent à ce que le sol absorbe une plus grande quantité de CO2.
En bref
But
Le projet a pour but de développer une production de semences traditionnelles de qualité afin de garantir une autoconsommation suffisante et vendre les excédents.
Il vise également à renforcer les capacités et les connaissances techniques et scientifiques des producteurs et des paysans en matière de variétés traditionnelles et ainsi conserver et développer la diversité génétique locale du maïs, des haricots et du sorgho.
Ce projet est cofinancé par les contributions programmes de la DDC.
Le projet s’est terminé en 2021. Découvrez ses succès ici.
Les douces collines et le paysage idyllique qui surplombent Matagalpa, située au nord de Managua, donnent l’illusion d’une vie paisible. Pourtant, dans ces hameaux reculés, les familles de paysans luttent depuis plusieurs années contre les conséquences du changement climatique. «Il fait de plus en plus chaud», déplorent-elles. Le mercure grimpe parfois jusqu’à 35 degrés, soit 5 de plus qu’auparavant. Résultat: la chaleur réduit nettement les récoltes et la durée de conservation de celles-ci.
Autrefois, début mai était la saison des pluies et des semis. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Mise en terre à cette période, soit la semence s’assèche dans les champs car pas une goutte ne tombe, soit des orages violents emportent les graines. «L’incertitude grandit», affirme Felipe Salgado, 53 ans, paysan passionné. Pour pouvoir continuer à récolter des denrées de base comme les haricots et le maïs sur ses quelques hectares, il sème 50% de variétés résistantes à la sécheresse et 50% supportant la pluie. Selon le temps, sa récolte est négligeable voire inexistante sur une moitié du terrain. «Mais c’est toujours mieux qu’avant», explique-t-il.
Des degrés supplémentaires qui diminuent les récoltes et leur conservation et obligent les familles paysannes à trouver des solutions. L’agroécologie les aide à faire face aux aléas climatiques.
La diversité, clé du succès
C’est-à-dire? Aujourd’hui, Felipe plante un vaste éventail de plantes utiles. Si, à première vue, les champs semblent chaotiques et sauvages, ses multiples variétés se complètent à merveille. Il a découvert l’agroécologie il y a quelques années, par le biais de cours et de visites d’exploitations témoins.
Désormais, il sait quelle plante s’adapte le mieux à quel endroit, et comment protéger le sol de l’érosion et accroître sa fertilité. Sur sa parcelle de cinq hectares, il a aménagé des cultures mixtes et planté plusieurs variétés de légumes, qu’il cultive avec de l’engrais bio et des pesticides maison. Autour de la modeste «finca», les arbres fruitiers procurent de l’ombre. «Nous avons de tout: papaye, mangue, noix de coco», explique-t-il, en regardant fièrement autour de lui. Grâce à la diversification, il parvient ainsi à nourrir sa famille de cinq personnes.
A Jucuapa, dans le département de Matagalpa, les paysannes et paysans sont accompagnés afin que leurs champs de maïs, de haricots, leurs arbres fruitiers et bien d’autres obtiennent de meilleurs rendements.
Tout le monde y gagne
Les méthodes agroécologiques sont bénéfiques pour l’homme autant que pour l’environnement. Elles permettent aux paysans de faire des provisions, et réduisent les émissions de CO2 dans l’atmosphère. En effet, les sols sains absorbent mieux les gaz à effet de serre, pour autant que les fermiers n’utilisent pas d’engrais chimiques, qu’ils endiguent l’érosion par des terrassements et des plantations, et améliorent la fertilité des sols en renonçant à labourer et en épandant du compost. Pour parer aux effets immédiats du climat, Felipe Salgado a installé un réservoir d’eau de pluie, grâce auquel il peut arroser ses champs en cas de sécheresse. Il utilise la semence locale adéquate et ne pratique plus la culture sur brûlis. Dans son village, ils sont nombreux à suivre l’exemple de sa famille. Le paysan reste donc optimiste. «J’espère que l’un de mes fils reprendra la ferme.»
Le projet est terminé!
Avec l’aide de nos fidèles soutiens ainsi que des partenaires du projet et des paysan-ne-s eux-mêmes, nous avons pu réaliser:
Semences
– Le soutien à 56 experts locaux en semences (50 hommes et 6 femmes, dont 15 jeunes) pour mettre au point des méthodes de sélection améliorées. 65 nouvelles variétés de semences (haricots, maïs et sorgho) ont été évaluées et sélectionnées en vue de leur utilisation et de leur application sur les surfaces cultivées.
– Le renforcement de 37 banques de semences communales qui disposent désormais de règles de contrôle de la qualité des semences et les appliquent régulièrement.
Formation
– La formation de 244 experts en semences qui mettent en pratique dans les communes les connaissances qu’ils ont acquises en matière de sélection de semences de variétés de maïs et de haricots adaptées aux conditions locales.
– Le renforcement des compétences de 90 paysan-ne-s (soit 20 de plus qu’initialement prévu) et la formation de 85 producteurs de semences (soit près de 30 % de plus que prévu) en matière de sélection des semences. Ils et elles produisent désormais des semences de qualité pour 40 banques de semences communautaires dans cinq communautés rurales.
Sécurité alimentaire
– 1136 familles paysannes ont pu couvrir leurs besoins en semences de maïs et de haricots tout au long de l’année et assurent ainsi leur alimentation.
– 500 paysan-ne-s ont augmenté leurs rendements de plus de 15 % grâce à des semences robustes et adaptées aux conditions locales. Cela équivaut à 1150 kg/ha de haricots, 1’728 kg/ha de maïs et 1’170 kg/ha de sorgho.