SWISSAID soutient les organisations paysannes du Sud qui pratiquent une agriculture écologique orientée vers le marché local. La souveraineté alimentaire est un concept important qui permet de s‘engager en faveur d’un commerce international plus équitable. Les producteurs locaux doivent faire face à la concurrence déloyale des importations alimentaires industrielles et subventionnées, et se retrouvent le plus souvent exclus du marché. Ce n’est qu’avec le droit de protéger le marché intérieur contre les importations faisant l’objet d’un dumping que les pays du Sud peuvent assurer une agriculture durable capable de nourrir leurs populations. Des relations commerciales équitables sont donc très importantes pour les petits producteurs, aussi bien dans les pays du Sud qu’en Suisse.

L’initiative «Pour la souveraineté alimentaire» est également cruciale dans le contexte de la «Vue d’ensemble de la politique agricole» du Conseil fédéral du mois de novembre 2017. En gros, le Conseil fédéral propose de libéraliser le commerce agricole sans aucune restriction relative à des critères de durabilité – même si le peuple a voté en septembre avec une large majorité en faveur du nouvel article constitutionnel sur la sécurité alimentaire. Cet article stipule que le commerce entre différents pays doit contribuer à une agriculture durable, aussi bien dans notre pays qu’à l’étranger. Le libre-échange sans restriction ne favorise cependant pas une agriculture écologique et socialement durable, mais bien plutôt industrielle.

Le rejet par le Conseil national de l’initiative «Pour la souveraineté alimentaire» est donc une occasion manquée de se démarquer de la volonté du Conseil fédéral de libéraliser le secteur agricole, et de défendre l’agriculture biologique ainsi que des relations commerciales équitables. Il reste à espérer que le Conseil des États corrigera la décision du Conseil national.