Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le nombre d’appels de femmes au téléphone SOS pour paysannes, paysans et leurs proches a pris l’ascenseur depuis 2013, affirme sa responsable Patrizia Schwegler. Les questions de celles-ci portent surtout sur les problèmes liés à la sécurité sociale. Dans les pays en voie de développement, c’est surtout l’accès à la terre et à la formation qui fait défaut. Pour renforcer la position sociale des paysannes de manière durable, il faut faciliter leur participation aux décisions politiques.

Pour la première fois, SWISSAID et l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF) déposent ensemble des revendications politiques communes. «L’Appel en faveur des paysannes» demande au Conseil Fédéral et au Parlement de présenter, en vue de sa prochaine législature, un catalogue de mesures pour améliorer la situation des paysannes. Concrètement, l’Appel exige que la sécurité sociale des paysannes soit incluse dans la politique agricole 2022+ et que la sécurité alimentaire, dont le travail des paysannes, devienne un thème prioritaire du Message pour la coopération internationale 2021-2024.

Anne Challandes, présidente de SBLV, explique que, malgré d’importantes différences, il existe des similitudes entre la situation des paysannes ici et dans le monde. Même dans un pays riche comme la Suisse, la sécurité sociale des paysannes ne va pas de soi. Le nombre croissant d’appels de paysannes en détresse – que ce soit au téléphone SOS pour paysannes, paysans et leurs proches, ou à la plateforme d’aide et de soutien de l’USPF – montre qu’il y a un grand besoin d’action. Anne Challandes revendique que la sécurité sociale des paysannes soit incluse dans la politique agricole 2022+. «Il est normal que les femmes qui travaillent dans des exploitations soient considérées comme actives», déclare-t-elle. Elles doivent bénéficier des mêmes avantages que les employés, dont notamment une couverture sociale digne de ce nom.

Christine Badertscher, responsable du dossier agricole chez SWISSAID, déplore pour sa part que la sécurité alimentaire, et donc tout le volet agricole, ne soit pas considéré comme objectif prioritaire de la proposition du Conseil Fédéral pour le Message de la coopération international 2021-2024 actuellement en consultation. Les paysannes jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté. Elles doivent être prises en compte à leur juste valeur dans la coopération internationale suisse. Les droits des paysannes, dont un accès à la terre et à la formation, doivent être facilités. Aussi, «les femmes doivent avoir leur mot à dire sur le fonctionnement de leurs exploitations», conclut Christine Badertscher. La Confédération et la société civile doivent s’atteler à cet objectif.

La «campagne politique pour la protection sociale des paysannes» a été lancée ce matin devant le Parlement fédéral. Elle durera quatre mois et se clôturera cet automne avec la remise de l’Appel contresigné par le plus grand nombre au Département fédéral de l’Intérieur et au Département fédéral des affaires étrangères.

Photos  de SWISSAID
Photo de lancement (de gauche à droite): Anne Challandes, Martina Munz, Claudia Friedl, Bernhard Guhl, Markus Allemann, Christine Badertscher, Sibel Arslan, Isabelle Chevalley.

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