Dans le cadre d’une enquête*, SWISSAID a voulu savoir si le forçage génétique, une nouvelle technologie qui a pour particularité de pouvoir altérer des écosystèmes en profondeur et d’éradiquer une espèce, serait accepté par la population suisse pour lutter contre les moustiques tigres. La réponse des passants est sans équivoque: 80% des personnes interrogées rejettent catégoriquement l’utilisation d’une telle technique sur le sol helvétique. Le risque d’expansion des maladie virales comme Zika et la dengue ne change rien à la donne.
L’Afrique comme laboratoire expérimental à ciel ouvert
La société civile du Burkina Faso ne souhaite pas davantage de forçage génétique sur son sol. La voix des indigènes n’est toutefois pas considérée. En juillet dernier, le consortium Target Malaria a lâché dans la nature plusieurs milliers de moustiques transgéniques. S’il ne s’agit pas encore de moustiques modifiés par forçage génétique, il s’agit bien du but ultime de ce projet. Ali Tapsoba, président de l’organisation Terre à Vie du Burkina Faso, critique vivement cette procédure : «Le forçage génétique reçoit de gros investissements financiers et il est présenté comme un remède miracle pour lutter contre le paludisme. Or, des solutions locales inoffensives existent et elles devraient être promues.» L’exemple actuel du Brésil montre que les essais sur le terrain peuvent mal tourner. Les moustiques génétiquement modifiés se multiplient au lieu de mourir, ce qui ne devrait pas être le cas.
SWISSAID a réalisé une vidéo, en collaboration avec l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique et le groupe international ETC Group, qui présente cette nouvelle technologie encore peu connue par le grand public. Les citoyens doivent être informés.
*Swissaid a mené un sondage dans la rue et en ligne. Les personnes ont été interrogées entre le 12 et le 14 septembre 2019.