La Commission de politique extérieure du Conseil des Etats (CPE-E) doit décider le 14 mai sur la parti­cipation de la Suisse aux augmentations de capital des deux sous-organisations de la Banque mondiale, la SFI et la BIRD, avec des actions pour une valeur de 198 millions de dollars et une dotation supplémen­taire de 649 millions de dollars en capital de garantie. Dans une nouvelle prise de position, Alliance Sud demande que cette contribution soit liée à un engagement plus fort de la Banque mondiale en faveur des droits humains et de la protection du climat.

Dans la crise du coronavirus, la Banque mondiale a réagi rapidement en fournissant une aide d’urgence importante aux pays en développement. Cependant, il vaut la peine d’y regarder de plus près. Une grande partie de l’aide va à la Société financière internationale (SFI), la branche de la Banque mondiale chargée du secteur privé. Dans sa dernière position, Alliance Sud montre que la SFI en particulier est constamment critiquée – en raison des investissements dans les énergies fossiles ainsi que des viola­tions des droits humains et des catastrophes écologiques, qui vont souvent de pair avec les investisse­ments privés financés par la SFI.

La Banque mondiale, avec son programme de privatisation et ses conditionnalités de crédit, est en partie responsable de la négligence totale des soins de santé publique dans de nombreux pays pauvres. Bien que son but ait changé et se soit élargi au cours des dernières décennies, son principal objectif reste de promouvoir les investissements directs étrangers et de stimuler le commerce mondial. Les augmentations de capital visent à accroître massivement la mobilisation des investissements privés, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Cependant, les partenariats public-privé (PPP) promus par la Banque mondiale coûtent souvent aux pays concernés beaucoup plus cher que les emprunts publics «traditionnels». Dans le même temps, les inégalités d’accès à des services pub­lics importants tels que l’énergie, l’éducation et la santé sont encore exacerbées.

Les normes environnementales et sociales de la Banque mondiale ne sont pas appliquées de la même manière à tous les projets et instruments, si bien que de graves violations des droits humains et des catastrophes environnementales ainsi que la répression et la corruption se produisent de manière répé­tée dans les projets (co)financés par la Banque. Un rapport de 2015 du Rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme est même allé jusqu’à qualifier la Banque mondiale de « zone exempte de droits humains ».

Si la Suisse veut participer aux augmentations de capital de la BIRD et de la SFI, Alliance Sud réclame qu’à l’avenir elle utilise son droit de regard pour exiger de la Banque mondiale des réformes importantes dans les domaines des droits humains, du changement climatique et de la participation durable du secteur privé. La Suisse devrait également adapter en conséquence son propre comportement de vote à la Banque mondiale et communiquer publiquement dans l’intérêt de la transparence.

Complément d’information

Kristina Lanz, dossier politique de développement, Alliance Sud, kristina.lanz@alliancesud.ch, tél. +41 76 295 47 46