Instaurer un droit sur les semences
Les petits paysans et paysannes doivent pouvoir multiplier, échanger, conserver et vendre des semences. L’implication de ces acteurs traditionnels ainsi que la valorisation de leurs connaissances traditionnelles sont cruciales pour le maintien et l’utilisation durable de la diversité des semences et des ressources génétiques. Les accords internationaux tels que le traité sur les ressources phytogénétiques (TIRPAA) et la déclaration des droits des paysans de l’ONU (UNDROP) garantissent aux paysans leur droit aux semences. SWISSAID s’engage pour que ces instruments soient renforcés, mieux connus et mis en œuvre.
De nombreux pays bafouent les droits prônés par ces cadres internationaux. Au Sud, on cède souvent à la pression des pays industrialisés et des entreprises semencières. Des lois strictes qui évincent les semences locales du commerce ont été approuvées dans beaucoup de pays. Les brevets ou la protection stricte des variétés, comme le système UPOV91, sont utilisés pour maintenir un monopole sur les semences et destituer les familles d’un libre accès à ce produit essentiel. En tant que membre de la «coalition suisse pour le droit aux semences», SWISSAID fait campagne pour que la Suisse renonce à l’exigence de protection des obtentions végétales selon l’UPOV91 dans les accords de libre-échange.
- Etude sur les demandes de brevet - « Pas de brevets sur les semences! » (ang)
- Rapport sur la Déclaration du droit des paysans (ang)
- Rapport de la coalition « Pas de brevets sur les semences! » 2020 (all)
- Brochure sur les semences paysannes du Niger
- UPOV 91: un système inadapté à l'Afrique de l'Ouest
- Etude critique du cadre juridique et des dispositifs politiques sur les semences au Niger
Renforcement des systèmes semenciers traditionnels
L’importance des systèmes semenciers des paysans-ne-s, à l’origine de toute la diversité des semences et garants de la souveraineté alimentaire, est souvent mal comprise et le soutien nécessaire fait défaut. Pour contrer ces manques, SWISSAID rassemble les gardien-ne-s de semences et les met en réseau. Dans des banques de semences ils et elles collectent, conservent et partagent les semences, ainsi que le savoir associé. Des systèmes de garantie participatifs sont utilisés pour maintenir la qualité des semences traditionnelles et ainsi augmenter les rendements. La vente de semences à travers des banques de semences fournit un revenu supplémentaire aux familles paysannes. La sélection de nouvelles variétés donne aux jeunes des perspectives dans les campagnes.
L'agroécologie plutôt que le génie génétique
Les problèmes causés par l’agriculture industrielle dans le monde entier sont de plus en plus évidents. Au lieu de s’y attaquer en modifiant fondamentalement les systèmes alimentaires, certains milieux proposent de les résoudre par le biais de nouvelles technologies génétiques, comme CRISPR/Cas. Ces technologies promettent de rendre les plantes plus résistantes aux parasites et plus économes en engrais. Toutefois, ces technologies ont été brevetées depuis longtemps et sont entre les mains des multinationales agricoles. On a pu le voir avec l’«ancienne» technologie génétique, les entreprises sont plus intéressées par le développement de plantes qu’elles peuvent vendre avec les pesticides appropriés que par une agriculture plus écologique. Pour les paysan-ne-s du Sud, les méthodes de génie génétique ne sont pas accessibles et ne sont pas prometteuses. En effet, ils disposent déjà de différentes variétés paysannes qui sont naturellement résistantes aux parasites, qui s’accommodent des mauvais sols et qui résistent à la sécheresse. Au lieu de nouvelles technologies génétiques, il faut des solutions globales et la protection des droits des paysannes qui préservent la diversité des variétés et s’engagent quotidiennement pour une production alimentaire durable.
Une application particulièrement dangereuse des nouvelles technologies génétiques est ce que l’on appelle le “gene drives”, le forçage génétique, qui vise à éradiquer les parasites. L’explication en vidéo:
Monopole grâce aux brevets
Les multinationales de l’agro-industrie font breveter les fruits, les légumes et les céréales cultivés de manière traditionnelle, comme l’orge de brasserie, bien que cela soit interdit par le droit européen des brevets. Elles ont ainsi la mainmise sur un nombre toujours plus grand de produits. Plus de 1000 variétés de plantes sont déjà brevetées en Suisse et en Europe. Des demandes de brevets similaires ont également été déposées pour les animaux.
Pourtant, les plantes cultivées de manière conventionnelle et les animaux ne sont pas des inventions! En collaboration avec d’autres organisations de toute l’Europe, SWISSAID s’engage dans le réseau «No-Patents-on Seeds», conteste les brevets octroyés illégalement et s’engage pour une adaptation du droit des brevets.