L’ECO, défis et opportunités des pays ouest-africains

Depuis quelques années, le Franc CFA, monnaie de certains pays d’Afrique de l’Ouest, est l’objet d’une contestation populaire croissante, relayée par les plus jeunes générations et par les meilleurs experts économiques, à cause, entre autres, de son passé colonial et de ses liens avec la Trésor Français. La création d’une nouvelle monnaie, l’ECO, est en discussion parmi les 15 pays de la CEDEAO (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest).

Laurent Jimaja, président de SWISSAID Genève, et Alfonso Gomez, conseiller administratif en charge du Département des finances, de l’environnement et du logement de Genève, ont accueilli le public en rappelant l’importance de la monnaie dans la coopération au développement suisse et combien ces enjeux ouest-africains nous touchent et nous impliquent.

Les implications d’une monnaie pour un pays sont immenses tant au niveau socio-économique que culturel et environnemental. Alfonso Gomez, conseiller administratif de la Ville de Genève

Cédric Tille, professeur d’économie internationale à l’IHEID et spécialiste en développement et économie internationale et en banques centrales, a ouvert le panel en présentant les enjeux théoriques et pratiques d’une monnaie unique pour les pays ouest-africains. Il a insisté sur les difficultés que constituerait une monnaie unique pour des pays ouest-africains dont la démographie, le PIB, le cycle économique, les potentiels de croissance ou encore les cultures sont différentes, voire divergentes.

Sa présentation a été suivie par Cherif Salif Sy, économiste et ancien Conseiller technique du Président du Sénégal Abdoulaye Wade. Ce dernier a rappelé les racines historiques du Franc CFA puis de son remplacement par l’ECO d’ici 2027, et la feuille de route préparée par tous les gouvernements, mais des difficultés à mettre en place ce remplacement.

Enfin, Ndongo Samba Sylla, économiste au Bureau de l’Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxembourg (Dakar) et co-auteur de «L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du Franc CFA» a ébauché les défis auxquels les régions devront faire face. Il a soulevé les défis qui se dressent devant les pays ouest-africains auxquels la seule création de l’ECO ne permet pas de faire face, et le besoin de régler de nombreux problèmes internes, entre autres en termes de réglementation bancaire, avant de se tourner vers une hypothétique monnaie unique.

Ces pays ont besoin d’avoir plus de souveraineté alimentaire. Des sommes colossales sortent des pays pour l’alimentation et l’énergie, alors qu’ils ont tout sur place. Ces chantiers me paraissent plus prioritaires qu’une monnaie unique.

Le tout a été modéré avec brio par Catherine Fiankan-Bokonga, Senior UN correspondent, et Vice-présidente du Club Suisse de la Presse.

La conférence a débouché sur de nombreuses questions de la part du public, et les discussions ont continué durant la verrée généreusement offerte par la Ville de Genève.

18h30 Mots de bienvenue

• Laurent Jimaja, président de SWISSAID Genève
• Alfonso Gomez, conseiller administratif en charge du Département des finances, de l’environnement et du logement (GE)
  

18h40 Table ronde

• Cherif Salif Sy, économiste, ancien conseiller technique du Président du Sénégal Abdoulaye Wade
• Ndongo Samba Sylla, économiste au Bureau de l’Afrique de l’Ouest de la Fondation Rosa Luxembourg (Dakar), auteur avec Fanny Pigeaud de «L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du Franc CFA» (Paris, La Découverte, 2018), cofondateur du Collectif pour le Renouveau Africain (CORA)
• Cédric Tille, professeur d’économie internationale à l’IHEID, spécialiste en développement et économie internationale et en banques centrales

Modération: Catherine Fiankan-Bokonga, Senior UN correspondent, et Vice-présidente du Club Suisse de la Presse & of ACANU (Association des correspondants accrédités auprès des Nations-Unies)

19h30 Débat, échange avec le public

20h15 Verrée gracieusement offerte par la Ville de Genève

Héritage de la colonisation française, le Franc CFA a connu plusieurs mutations depuis les années soixante. Utilisé, entre autres, dans les huit états côtiers et sahéliens de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), il devrait être remplacé d’ici 2027 par une nouvelle monnaie baptisée ECO. Loin d’être un changement anodin, les implications de cette nouvelle monnaie dans le développement ainsi que la situation économique et politique de la région sont immenses. Il est donc essentiel d’en comprendre les enjeux qui touchent directement la Suisse et plus particulièrement Genève, bastion de la coopération internationale.