«Lorsque le téléphone sonne, cela peut être un nouveau décès.»
«Nous espérons et prions pour que la situation ne se détériore pas davantage», déclarait Kavita Ghandi en mars 2020, interrogée sur la situation en Inde. Hélas. Après un court apaisement dans la deuxième moitié de 2020, la situation actuelle est plus catastrophique que jamais.
Hôpitaux surchargés, réserves d’oxygène inexistantes, manque de personnel, de matériel de protection et de respirateurs, crématoriums surchargés, population désespérée. La situation en Inde est dramatique. Officiellement, plus de 200’000 décès ont déjà été comptabilisés. Le nombre de cas non signalés reste inconnu. Au cours de la semaine dernière, plus de 300’000 nouvelles infections ont été enregistrées chaque jour. Un chiffre confirmé par le ministère indien de la santé le 28 avril (source: OWID).
«Ce que je vois de mes propres yeux me préoccupe beaucoup. Le nombre de personnes infectées augmente non seulement dans les villes mais aussi dans les zones rurales.»
SWISSAID: Nous voyons des images effrayantes de l’Inde dans les médias. Comment évaluez-vous la situation générale et comment se portent les employés des bureaux de coordination et les partenaires ?
Kavita Ghandi: La situation en Inde est mauvaise. Le nombre de personnes infectées augmente non seulement dans les villes mais aussi dans les zones rurales. Nos infrastructures sanitaires ne sont pas équipées pour faire face à l’ampleur de cette catastrophe. Nous sommes tous très préoccupés par la situation, car nous avons tous des amis et des membres de notre famille qui ont été touchés. Les bureaux de SWISSAID en Inde sont fermés et les employé·e·s travaillent depuis la maison. Au sein des organisations partenaires, une partie des collaborateur·trice·s sont tombés malades. Ni le personnel de notre bureau de coordination ni celui de nos organisations partenaires ne se déplacent dans les villages en raison du risque d’infection. Malgré ces conditions difficiles, nous continuons à travailler pour poursuivre notre action en faveur des plus démunis.
Solidarité avec l'Inde
SWISSAID: Les projets réguliers de SWISSAID peuvent-ils continuer?
Kavita Ghandi: Nous avons réduit nos activités au minimum dans de nombreuses régions du pays, notamment dans l’État du Maharashtra, où SWISSAID mène de nombreux projets. Nous ne voulons mettre en danger ni nos employés ni le personnel de nos partenaires. Lorsque la connexion internet est bonne dans les villages, nous organisons des formations en ligne sur l’égalité entre hommes et femmes. D’autres projets, notamment en matière de lutte contre la violence domestique, peuvent également se poursuivre. Et en février et mars, nous avons lancé une campagne contre le mariage des enfants, suite à la découverte de cette pratique dans certaines de nos zones d’intervention.
SWISSAID: De mai à septembre 2020, 55’000 personnes ont été soutenues grâce aux projets d’urgence Covid de SWISSAID. Comment pouvons-nous aider aujourd’hui?
Kavita Ghandi: Heureusement, et grâce au travail de nos partenaires, des aides publiques circulent dans nos régions d’intervention, comme les pensions pour les veuves ou la distribution de denrées alimentaires de base. Nous continuons à soutenir notre organisation partenaire CYDA, qui a pour tâche de sensibiliser la population à la vaccination. En particulier dans les milieux à faibles revenus, où peu de gens se vaccinent. Nous aidons à recruter du personnel pour soutenir les centres de vaccination gouvernementaux en matière d’organisation, de gestion des données et de conseil aux patients.
«Ce dont nous avons besoin maintenant, avant tout, c’est d’une aide médicale d’urgence.»
Le plus important actuellement est d’investir dans les infrastructures de santé: Le pays a besoin de nouveaux hôpitaux, d’oxygène, de médicaments et davantage de personnel de santé doit être formé.
SWISSAID continue à soutenir l’organisation partenaire CYDA, qui a pour tâche de sensibiliser la population à la vaccination. En particulier dans les milieux à faibles revenus, où peu de gens se vaccinent.
SWISSAID: Le coronavirus exacerbe la crise de la faim. Quelle est la situation en Inde?
Kavita Ghandi: Pour l’instant, c’est surtout le système de santé et les infrastructures qui sont en crise. Mais les effets sur la sécurité alimentaire sont tout autant problématiques. La situation se dégrade et la faim menace dans de nombreuses régions. Les couvre-feux et les mesures de quarantaine rendent l’approvisionnement en nourriture difficile. L’agriculture locale n’en est que plus importante. C’est pourquoi nous soutenons chaque jour des paysans et paysannes à se convertir à l’agroécologie, leur meilleure chance de s’assurer une alimentation durable.
L’aide médicale d’urgence n’est pas l’unique besoin: La situation se dégrade et la faim menace dans de nombreuses régions.