Bastienne Joerchel, qu’est-ce qui vous a incité à reprendre la présidence de SWISSAID?
SWISSAID me tient à cœur. Ce qui me convainc en particulier, ce sont ses deux axes d’intervention: d’une part, agir sur le terrain avec des projets concrets et utiles qui apportent un soutien durable aux familles paysannes et, d’autre part, agir ici pour influencer les décideurs et mettre la Confédération et la population suisse face à ses responsabilités.
L’histoire de SWISSAID est fortement influencée par ses projets dans l’agriculture. Qu’est-ce qui vous lie personnellement à ce thème?
De 1998 à 2008, j’ai été responsable du dossier commerce international et agriculture à Alliance Sud. Dans un contexte relativement nouveau à l’époque de globalisation et de libéralisation des marchés, j’ai œuvré à rendre visible le fait que les intérêts des petits paysans du Sud et de Suisse ne s’opposaient pas, bien au contraire. Je m’identifie dès lors pleinement à l’agroécologie, comme axe prioritaire de SWISSAID permettant de préserver durablement les intérêts des paysans et paysannes du Sud dans une économie mondiale aujourd’hui dominée par les multinationales.
Vous faites partie du Comité de direction depuis 6 ans. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans la Fondation?
J’ai entre autre suivi les activités de SWISSAID en Équateur. Je me suis rendue cette année sur place pour y visiter les projets d’agroécologie et d’approvisionnement en eau. Voir l’impact durable de ces projets sur l’amélioration des conditions de vie de dizaines de milliers de personnes, hommes, femmes et enfants, a été source d’une grande satisfaction et de fierté par rapport à tout le travail réalisé par SWISSAID depuis 40 ans dans ce pays partenaire.
Quel projet ou rencontre sur le terrain vous a-t-il/elle particulièrement touché/e?
Ce qui m’a le plus impressionné est la dimension humaine des projets menés par SWISSAID. Lors de mon voyage en Equateur, à Patate, petite ville située sur le flanc du volcan Tungurahua, nous avons rencontré une femme qui, grâce au soutien de SWISSAID, cultive dans son jardin sans produits chimiques toutes sortes de fruits, de légumes et des céréales. Avec l’aide de toute sa famille, elle effectue ensuite un travail de valorisation en transformant les produits de base (fromage, confiture, compotes) pour les vendre toutes les semaines au marché. Cette femme est devenue actrice de son développement.
Qu’attendez-vous de cette coprésidence avec Fabian Molina?
Je suis une grande adepte de l’intelligence collective. Fabian Molina pourra jouer le précieux rôle de levier politique dont SWISSAID a tant besoin pour affronter les défis majeurs qui l’attendent au niveau politique et parlementaire. Il a également une force mobilisatrice auprès de la jeune génération. Pour ma part, j’apporterai à un niveau stratégique mon expérience et mes compétences principalement en gestion financière, en recherche de fonds et en management participatif, acquises ces 20 dernières années dans des postes de direction d’ONG et d’associations sans but lucratif.